Home'600 e '700Penso, dunque fui. Cartesio, un filosofo allergico alla celebrità

Penso, dunque fui. Cartesio, un filosofo allergico alla celebrità

On réédite une biographie de René Descartes, parue en 1691. Portrait d’un philosophe errant, allergique à la célébrité. Larvatus prodeo. Descartes avance masqué. Dans «la Vie de Monsieur Descartes», une biographie parue en 1691, Adrien Baillet, ancien curé de Lardières et auteur des «Vies des saints» en douze volumes, tente d’arracher son masque au philosophe. On y voit l’auteur du «Discours de la méthode» passer toute sa vie à fuir Paris et la France, où on ne veut connaître que son «visage», où «on le veut seulement avoir comme un éléphant ou une panthère, à cause de la rareté, et non pour être utile à quelque chose», écrit Descartes, people malgré lui. Sentant «sa propre réputation comme un poids insupportable», l’homme-éléphant de la philosophie française fuit le zoo cartésien aux Pays-Bas, où «la coutume du pays ne portait pas que l’on s’entre-visitât si librement que l’on faisait en France».

di Fabrice Pliskin da Le nouvel Observateur del 2 agosto 2012

Las des mondanités chronophages, l’ancien élève des jésuites «s’était aperçu que l’air de Paris était mêlé pour lui d’une apparence de poison très subtil et très dangereux; qu’il le disposait insensiblement à la vanité; et qu’il ne lui faisait produire que des chimères». En Hollande, dit Baillet, «Descartes évite le coeur des grandes villes et affecte de loger au bout de leurs faubourgs». Tel un agent dormant, il ne faisait jamais ou rarement «adresser les lettres et les paquets qu’on lui envoyait au lieu de sa demeure en droiture, afin de vivre mieux caché […]. Lorsqu’il écrivait à ses amis, il datait ordinairement ses lettres non pas du lieu où il demeurait, mais de quelque ville comme Amsterdam, Leyde, etc.; où il était assuré qu’on ne le trouverait pas. Lorsqu’il commençait à être trop connu dans un endroit, et qu’il se voyait visité trop fréquemment par des personnes qui lui étaient inutiles, il ne tardait pas de déloger».

Philosophe errant et routard, Descartes multiplie les stations comme pour brouiller les pistes et décourager l’assiduité de sa «secte» ou de ses biographes à venir: Amsterdam, La Haye, l’Angleterre, le Danemark, la Frise- Occidentale, Utrecht, Haarlem, Egmond de Binnen, Alkmaar, sans compter des voyages en France. Cet itinéraire «obscur et embarrassant» n’eut «rien de plus stable que le séjour des Israélites dans l’Arabie déserte». Il le mena jusqu’à la Suède, «d’où Dieu ne permit pas qu’il revînt».

Descartes avait découvert les joies de la locomotion aux Pays-Bas à 21 ans quand «l’envie de voir les pays étrangers lui inspira le dessein d’aller servir parmi des peuples qui fussent alliés au roi». Dilettante à mousquet, il rejoint alors les troupes du prince d’Orange, Maurice de Nassau, en qualité de volontaire, mais sans déployer un héroïsme excessif contre les Espagnols. «En se déterminant à porter les armes, il prit la résolution de ne se rencontrer nulle part comme acteur, mais de se trouver partout comme spectateur.» Homme prudent et cachottier, on sait que le souple Descartes, après que l’Inquisition eut emprisonné Galilée, renonça à publier son «Traité du monde» où il dogmatisait sur le mouvement de la Terre («Je ne suis point si amoureux de mes pensées»). Plus tard, comme il attribue l’humeur de faire des vers à «l’agitation des esprits animaux», Descartes attribua l’inclination qu’il ressentait alors pour la guerre à une «chaleur de foie», qui lui passa avec les années, et en comprenant que «l’oisiveté et le libertinage sont les deux principaux motifs» des divertissements militaires. Le minutieux mais vertueux biographe ne nous dit pas dans quelle mesure le penseur mordit à l’un ou à l’autre de ces «motifs». Il semble se faire violence quand il évoque le «prétendu mariage» du penseur, «l’un des mystères les plus secrets de la vie cachée qu’il a menée hors de son pays». Il s’emploie à l’excuser: «Il était difficile à un homme qui était presque toute sa vie dans les opérations les plus curieuses de l’anatomie de pratiquer rigoureusement les vertus du célibat.»

A Amsterdam, Descartes va presque tous les jours chez un boucher «pour lui voir tuer les bêtes». A la fin, le subtil hagiographe rend les armes: ô dangereuses séductions de la Société du Spectacle! «[Ce mariage] me paraît si clandestin que toute la bonne volonté des canonistes les plus subtils ne réussirait pas à le bien distinguer d’un concubinage», écrit Baillet. Mais sa délicatesse chrétienne lui interdit de citer le nom de Helena Jans Van der Strom, la domestique d’un libraire, dont on sait qu’elle donna une fille à Descartes, Francine, «conçue, selon l’observation du père, à Amsterdam le 19 juillet 1635». Voilà pour le stupre. Hélas, la petite Francine mourut à 5 ans, «ayant le corps tout couvert de pourpre». Ce deuil porta Descartes à cultiver l’art utile de la médecine.

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Inserito su www.storiainrete.com il 23 agosto 2012

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