Recentemente in Francia si è registrato un nuovo scontro intorno all’insegnamento di Storia e Geografia nelle scuole. Il prevalere dell’insegnamento “tematico” al posto di quello “cronologico” è considerato però – come dice Jean Sevillia – un grave rischio anche per l’identità francese, incrinata da una classe di docenti ideologizzati e animati da un vero e proprio “odio di Sé” nel senso di Odio per le proprie origini e per la civiltà occidentale in generale. “Credono perseguire una sorta di guerra ideologica contro il fascismo, il razzismo o proiettando i pregiudizi ideologici di oggi sul passato”.
da L’Atlantico del 28 gennaio 2012
Atlantico : La tenue à Paris des Etats généraux de l’histoire-géographie a permis de faire « remonter » les opinions de plusieurs professeurs inquiets. L’un d’eux explique que depuis la Réforme des lycées, il doit se plier à un enseignement non plus « chronologique » de l’Histoire mais « thématique ». Ainsi celui-ci avance quepour expliquer la Shoah, par exemple, il doit faire l’impasse sur les causes du drame pendant son cours et aborder la montée du nazisme à une autre période de l’années dans la chapitre « totalitarisme »… Qu’en pensez-vous ?
Jean Sévillia : Un choix pédagogique a été opéré au début des années 1970. On a cassé la pédagogie de l’enseignement de l’Histoire et on s’est mis à faire de l’histoire « thématique » avec des études transversales. On demande donc aux élèves de travailler sur des thèmes de comparaison ou des thèmes transversaux, en étudiant des situations économiques ou politiques comparables…
C’est une absurdité car c’est un exercice qui peut être fécond pour des personnes qui ont la culture historique nécessaire. Mais des élèves qui ont -par définition- tout à apprendre, n’ont pas les moyens documentaires ou intellectuels de maitriser les connaissances suffisantes pour jouer à cet exercice qui peut être utile pour des agrégés d’histoire mais qui n’a aucun sens pour des élèves.
L’histoire sans chronologie est la négation même de l’histoire. Par définition, l’histoire est un enchainement d’événements. Et on explique l’histoire par un enchainement de causes, de faits et de conséquences. Sortez de là et on ne comprend plus l’histoire. On tombe d’autant plus facilement dans l’anachronisme, ce péché majeur de l’historien.
Si on raisonne sur l’histoire en lui appliquant nos schémas mentaux, culturels, politiques, sociaux, etc. on ne comprend pas l’histoire. On ne comprend les hommes du passé que quand on connait leur représentation du monde, leur références, leur vision de la société…
Auriez-vous un exemple de ce type d’anachronisme qui ruine l’histoire, selon vous?
Aujourd’hui, on note un intérêt très fort pour la Grande guerre à travers les spectacles, la BD, les romans, etc. Mais ce monde de la Grande guerre est typique de ce qui se passe avec d’autres événements. Ainsi, on attend de 14-18, la mentalité d’aujourd’hui : pacifiste, antimilitariste, les officiers sont toujours des brutes galonnées et leurs hommes ne comprennent pas pourquoi ils sont dans cette « boucherie » qui n’a pas de sens, etc.
Or quand on regarde les témoignages des combattants, on se rend compte qu’ils avaient profondément intégré l’idée patriotique, jusqu’à la déraison. On peut penser que c’est une forme de suicide de l’Europe, mais, dans les deux camps, Français et Allemands ont consenti à cette guerre. Prêter aux combattants de 14-18 une mentalité d’aujourd’hui ne permet pas de comprendre pourquoi ces hommes ont fait cette guerre pendant quatre ans dans des conditions de vie atroce…
Depuis plusieurs années, on est allé vers une diminution des périodes d’histoire étudiées et elle devient même optionnelle dans certaines sections – les sections scientifiques par exemple. On remarque une surreprésentation de l’histoire contemporaine : Seconde guerre mondiale et Shoah. Des événements tragiques à connaître. Mais l’histoire, c’est aussi le Moyen-âge, le XVIIe siècle, la Révolution, Napoléon, etc. On doit garder un regard global sur l’histoire.
Comment expliquez-vous cette disparition relative de l’histoire de France. Doit-on accuser Luc Chatel, le ministre de l’Education, des effectifs en baisse ou une volonté idéologique?
Ce phénomène existe depuis 40 ans. L’Education nationale en France est un bastion, non seulement administratif, mais aussi idéologique. Les ministres peuvent être de droite ou de gauche : toutes les directions centrales au sein des ministères sont dirigées par des gens de gauche qui ont une certaine vision du monde et de l’histoire et qui veulent la faire passer à travers les programmes… Les gouvernements successifs n’ont pas réussi à modifier cette espèce de vision idéologique que charrie l’histoire à travers l’Education nationale…
Peut-on, pour autant, leur imputer la responsabilité de « thématiser » l’histoire?
Oui car on remarque qu’il y a toute une génération qui n’aime pas la « grande Histoire ». Et même quand ils l’aiment, ils sont imbus des préjugés idéologiques d’aujourd’hui. C’est-à-dire, d’une forme de haine du passé, et du passé occidental en particulier. Et ils reflètent cette passion idéologique du moment. A travers cette passion pour le XXe siècle, ils croient poursuivre une sorte de guerre idéologique contre le fascisme, en projetant l’antiracisme ou des notions idéologiques d’aujourd’hui sur le passé. Ils mènent au fond une sorte de combat politique et idéologique à travers l’histoire.
Propos recueillis par Antoine de Tournemire
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Inserito su www.storiainrete.com il 7 agosto 2012
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