Une équipe d’archéologues a dégagé en plein centre de la capitale les vestiges de la première enceinte médiévale, construite vers le Xe-XIe siècle. La moins connue des enceintes qui ont jadis enserré la capitale. Paris retrouve une de ses anciennes «frontières». Une équipe d’archéologues de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP) a mis au jour lors d’une fouille sur une parcelle enclavée dans un îlot d’immeubles, les vestiges de la première enceinte médiévale de Paris. Un îlot situé en plein cœur de la capitale, rue de Rivoli.
di Jérôme Bouin, da Le Figaro.fr
Avant la construction d’un ensemble immobilier, un diagnostic réalisé en décembre 2008 avait mis les archéologues sur la piste de cette enceinte, la seule de la capitale à n’avoir conservé aucun vestige, mais aussi la moins bien documentée. Les fouilles entamées à la demande de l’État le 23 mars, et qui doivent s’achever le 22 avril, selon l’archéologue Xavier Peixoto, interrogé par lefigaro.fr, ont confirmé les prévisions initiales.
Le site qui ne sera pas visible par la presse (en dehors des photos que le figaro.fr vous propose), «en raison d’un accès dangereux», présente un profond fossé (3 mètres) creusé en forme de «V» sur environ 20 mètres de long et douze de large. Selon le communiqué de l’INRAP, ce fossé était «doublé par un talus supportant probablement une palissade en bois». «La levée de terre et les pieux ont été arasés dès l’abandon de l’enceinte, le sous-sol parisien n’en livrant aucune trace», ajoute le texte. Sur place, «seule la différence des sédiments (les couches constituant le sol, ndlr) permet d’identifier les bords du fossé et de suivre son profil», précise l’archéologue, décrivant un chantier pas forcément spectaculaire mais historiquement très riche.
«Oubliée des historiens»
En 1995, une autre fouille avait permis de toucher une autre portion du même fossé, plus à l’est (rue du Temple, quatrième arrondissement). Cette nouvelle découverte constitue selon l’INRAP une confirmation du tracé de cette enceinte «longtemps restée imprécise». «Elle fut tantôt dénommée ‘enceinte carolingienne’, tantôt ‘enceinte du XIe siècle’. Seconde enceinte de Paris, elle se situe entre celle de la fin de l’Antiquité (début du IVe siècle, sur l’île de la Cité) et celle de Philippe Auguste (vers 1200, sur les deux rives) », explique l’INRAP. La première enceinte médiévale a été «oubliée des historiens jusqu’au 18e siècle», explique Xavier Peixoto. «Aucun document n’en parle de façon précise».
Pour les historiens, la confrontation des données collectées en 1995 aux données obtenues aujourd’hui pourraient permettre de confirmer le tracé de cette enceinte : un arc de cercle situé sur la rive droite de la Seine, en face de l’île de la Cité. Autre défi, la datation de cette enceinte (probablement le Xe ou le XIe siècle) et le contexte politique de son édification. «Dans un Paris en plein essor économique et urbain », explique le communiqué de l’INRAP, «le Xe siècle est une période charnière qui voit l’affaiblissement des souverains Carolingiens et l’essor des Robertiens, ancêtres des Capétiens». Les Capétiens allaient notamment régner de manière continue sur la France jusqu’en 1792 .
Une fois les fouilles terminées, le projet de construction pourra débuter. À la différence d’un vestige bâti pouvant être restauré et présenté au public, celui-ci est un simple creusement, nu, pas conservable en tant que tel.
Parigi nel Medioevo, da http://deafmute.net